Crëyr Admin
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| Sujet: Focus : Níðhöggr le Dévoreur, dragon de Naströnd. [En cours] Jeu 31 Mar - 21:39 | |
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NíðhöggrPeut-être avez déjà vous entendu parler de lui. On l'appelle aujourd'hui Nidhogg, Nithogg, Nidhugg... Bref, tout un tas de noms un peu plus simple à lire pour ceux qui ne connaissent pas le Vieux Norrois. Il y à même un jeu qui s'appelle Nidhogg. On le décrit souvent comme celui qui dévore le monde et les âmes et cadavres des parjures et des criminels. Mais en vérité, bien qu'on en sache peu sur lui, un peu de réflexion sur la bête nous permets de comprendre que Nidhogg est bien plus que tout ca. A la fin, vous allez l'aimer.Tout d'abord, une brève remise en contexte s'impose. Nidhogg (nous l'appellerons comme ca par ce que j'ai la flemme de devoir aller chercher des caractères spéciaux à chaque fois) nous viens des mythes Scandinaves, comme vous l'aviez sans doute deviné. Ces mythes, à vrai dire, regorgent de dragons, et autres charmant reptiles, alors pourquoi celui-ci serait-il plus important que les autres ? PAR CE QUE. Plus sérieusement, parlons dans un premier temps du monde tel que le voyaient les anciens scandinaves, ceux que l'on appelle aujourd'hui "Vikings". Ils étaient bien plus que des barbares et n'ont JAMAIS PORTE DE PUTAIN DE CASQUES A CORNES DE MERDE. Merci. Et avant que vous ne lisiez ce post, petit topo prononciation : En vieux norrois, le Y est à mi chemin entre le son I et le son U. La lettre U est généralement prononcée OU. La lettre J correspond TOUJOURS au son Y mouillé (pas un y qui sonne "i" mais un y qui sonne... bah y.). La letrre S correspond TOUJOURS au son S, JAMAIS à un Z. Si vous voyez un EI, ce n'est pas "éy" mais "ay", ainsi, on ne dis pas "Alfhéym" mais plutôt "Alfhaym". Le Ö est une version simplifiée du Ø, qui est à mis chemin entre le "EU" français et le O. Les R, enfin, ne sont pas des R durs, mais sont des R battus, un peu comme des R à moitiés roulés.La philosophie vikingPour les vikings, il existe neuf mondes, tous supportés par Yggdrasil (si vous avez lu le petit paragraphe sur la prononciation, on dira donc plutôt quelque chose comme "Uggdrassil" que "Iggdrazil"), un frêne cosmique. - On compte les mondes suivants:
-Midgard, dont le nom pourrait être traduit par Terre du Milieu (eh oui !) est notre monde. On le représente généralement autour du tronc d'Yggdrasil d'ou son nom de royaume "du milieu". -Asgard, monde des Aesir, principale famille de dieux, (Odin et Thor sont par exemple des Aesir), -Vanaheim, monde des Vanir, la seconde famille de dieux (Frej et Freja en sont les principaux représentants), -Alfheim, le monde des Elfes de Lumière. -Jötunheim, monde des Géants "normaux". -Svartalfheim, monde des Elfes Sombres. -Muspellheim, parfois simplement Muspell, royaume du feu et des Géants de feu. -Helheim, royaume "neutre" ou vont les âmes de ceux qui ne sont pas morts au combat. Je parle de royaume "neutre" car il ne s'agit pas d'un enfer de douleur et de tourments, mais plus d'un royaume plat, froid, bref, le Nord-Pas-de-Calais. Je ne vais pas m'attarder sur la question de la vie après la mort chez les Scandinaves, car c'est bien plus complexe que ce que l'on tends généralement à croire. -Niflheim, royaume des brûmes, glacé. On le confond souvent avec Niflhel, "Hel sombre", qui là, par contre, est plus proche d'un enfer "négatif" (là ou Helheim était neutre), car c'est là que vont les vrais gros fils de pute, bien que ce soit peut-être un ajout chrétien.
Maintenant, penchons nous plutôt sur la manière viking de voir les choses. Il faut savoir que les anciens scandinaves ne percevaient pas les choses comme ayant "un début, un milieu, une fin". Pour eux, tout fonctionnait de manière cyclique et perpétuelle. La mort, par exemple, n'était pas vue comme un drame (bon, c'était quand même pas non plus la grosse teuf "youpi Olaf est mort" - sauf si Olaf était un connard) mais plutôt comme le cycle normal des choses. Ce qui doit mourir meurt pour laisser place à ce qui doit vivre, C'EST L'HISTOIIIIRE DE LA VIIIIIE. Ainsi donc, tout était considéré comme étant en changement constant, rien n'était statique. Le Ragnarök, dont on parle énormément, est donc très très très différent de l'Apocalypse chrétienne par exemple. Ce n'est pas la fin du monde, c'est la fin d'un monde. L'ancien monde disparaît pour laisser sa place au nouveau, et on peut imaginer que ce nouveau monde connaîtra lui aussi son propre Ragnarök, et ainsi de suite. Vous vous demandez sans doute pourquoi je commence un sujet sur un dragon en parlant de tout ça... Eh bien gardez tout dans un coin de votre tête, vous comprendrez mieux ensuite. Les Dragons du NordLes dragon, si on les associe aujourd'hui surtout au feu, étaient jadis plutôt vu comme des êtres d'eau et de terre, ce que l'on retrouve d'ailleurs bien souvent dans les légendes populaires, ou les héros vont chasser des dragons vivants dans des marrais, des rivières, des lacs... et bien-sur, des cavernes ! Il faut savoir qu'a l'origine, le dragon est, comme le serpent, une créature chthonienne, c'est à dire, associée à la terre et à ses entrailles, et que l'on associera donc facilement à l'inconnu, au mystérieux, au monde des morts, et à la sagesse, et cette vision des choses se retrouve dans bien des mythologies. Cela signifie énormément, et les dragons scandinaves ne font pas l'impasse là dessus. La christianisation fera des créatures chtoniennes des créatures diaboliques, puisque Satan vis sous terre, et les dragons seront donc vus au fil du temps comme des créatures vicieuses, égoïstes, symboles de destruction et de chaos. Dans les mythes nordiques, les dragons sont généralement appelés "serpents", il arrive même que les deux termes soient utilisés dans le même texte. Mais qu'on ne s'y trompe pas, il ne s'agit pas là de petites vipères anodines mais de puissantes bêtes. Comme par exemple, pour le Wyrm anglo-saxon et beaucoup d'autres créatures draconiques, les dragons du nord sont de grosses bestioles écailleuses, parfois sans pattes, parfois avec des postérieures, parfois des antérieures, parfois les deux, et parfois des ailes, comme c'est le cas pour Nidhogg. Ils sont liés à l'eau et à la terre, détenteurs d'une grande force mais loin d'être idiots et simplement violents, ils sont respectés, craints et admirés à la fois. Le Dévoreur des Racines d'YggdrasilIl est (enfin) temps d'aborder notre sujet : Nidhogg. - Commençons par décortiquer son nom:
Níðhöggr est composé de... Níð et höggr. Ceux qui se sont intéressés aux runes reconnaiteront peut être "Níð". C'est l'un des noms de la rune Naudhiz. Comme celle-ci, le mot est négatif, il désigne le besoin (need en anglais), celui qui peut vous affamer et vous tuer par exemple, mais avait jadis un sens beaucoup plus fort. On le retrouve dans Níðstong, un poteau que l'on plantait devant la porte de son ennemi au bout duquel se trouvait une tête d'animal, souvent un mouton, un veau, ou un cheval. Quiconque voyait celui-ci de face était alors maudit, et Níðstong se traduit généralement pare "bâton de malédiction". Il est aussi très important de noter que "Níð" est un terme propre au anciennes lois nordiques et anglo-saxonnes: il désignait la perte d'honneur, d'humanité, le statut de parjure et de traître. Un Níðing (Pluriel Níðingar) était donc quelqu'un marqué de Níð. Enfin, "Níð" se comprends aussi comme "haine", "férocité", "fourberie".
Cela signifie-t-il que Niddhog est un parjure, un traitre ? Loin de là ! Il faut s’intéresser à la deuxième partie de son nom, et à son rôle dans la mythologie. "Höggr" désigne l'action de frapper, d'attaquer. Ainsi, on s'accordera à traduire Níðhöggr par "Celui qui frappe férocement", ou "Celui qui frappe avec fourberie".
Níðhöggr, cependant, passe le plus clair de son temps à dévorer les racines de l'arbre monde, ainsi que les âmes et cadavres des parjures, des traîtres (nous reviendront là dessus plus tard)... Et donc, vous l'aurez compris, des Níðingar ! On peut donc également comprendre son nom, bien que cette étymologie soit discutée, comme "Celui qui frappe les Níðingar". Pas frapper genre leur mettre un coup de poing dans le nez, frapper au sens de "to strike" en anglais, quelque chose qui serait plus proche de "renverser". Vous voyez l'idée, quelque chose de violent, une attaque directe.
Enfin, une étymologie toute à fait personnelle serait de lier "Níð" à son sens de "Malédiction". On sait que notre dragon est un très beau parleur, seigneur de la joute verbale, pro du clash. Ainsi on pourrait aussi comprendre "Celui qui frappe d'une malédiction", bien qu'encore une fois, il s'agisse là d'une interprétation toute à fait personnelle, et je doute sincèrement que ce soit la bonne, car cet aspect de Nidhogg comme clasheur professionnel n'est que secondaire.
On en sait peu sur lui, il est rarement abordé dans les textes qui nous sont parvenus. Pour ce faire une idée de la bête, il faut d'abord se dire qu'il ronge les racines de l'arbre qui supporte les neuf mondes. Vous imaginez la taille d'un monde ? Bon. Alors imaginez la taille de l'arbre qui les porte. Maintenant imaginez la taille de ses racines. Et enfin, imaginez le dragon qui les mords h24. Voilà. Ca fait une grosse bestiole. De quelle couleur est-il ? La Völuspa nous dis " Volant, arrivera le Dragon Noir, Émergeant des profondeurs de Niðafjöll ; Survolant les plaines, sur ses ailes, Níðhöggr porte l’âme des damnés..." Les choses sont assez claires non ? Et, trois infos pour le prix d'une, on apprends ici que Niddhog est doté d'ailes, ce qui de plus nous donne un autre aperçu de la taille de la bête, puisqu'il porte sur celles-ci les âmes des damnés et de ceux qui sont tombés lors du Crépuscule des Dieux. Donc beaucoup de monde. Et qu'il viens de Niðafjöll. Quant à son lieu de vie, la Völuspa, grand poème racontant la fin des temps que nous citions plus haut, nous dit que le dévoreur de mondes réside en Naströnd (littéralement "Rive des Cadavres" ), une région de Hel, le royaume des morts, ou règne serpents (cette fois ci dans le sens propre du terme) et dragons. Le sol y serait couvert de venins et les traitres et parjures seraient condamné à y errer, torturé par la brulure du poison dans lequel il doivent marcher, ainsi que des goutes de celui-ci qui tombent du plafond. Là, en Naströnd, Nidhogg suce le sang des cadavres et les dévore. Miam. Snorri Sturluson, auteur de l'Edda, nous dit que le dragon vit en Hvergelmir. Hvergelmir (littéralement "source chaude rugissante") est l'endroit ou, d'après la mythologie scandinave, le feu et la glace se sont rencontrés pour la première fois, créant l'eau, et la vie. Nous reviendront là dessus plus tard. Dans les deux cas, qu'il barbote en les eaux venimeuses de Naströnd ou en les eaux chaudes de Hvergelmir -après tout il fait comme il veut le pauvre, laissez le exister- il vit en Niflheim dans tous les cas. Et qu'est-ce que Niðafjöll, dont nous parlions plus haut ? Eh bien c'est une région de Niflheim ou sont Hvergelmir et Naströnd. Son nom signifie "Sombres Montagnes". Pour finir cette partie, je reviendrait sur ce que je disais tout à l'heure, quant au fait que notre dragon soit "clasheur professionnel". Il faut d'abord savoir que la joute verbale était très appréciée des anciens scandinaves. La saga des Volsung nous montre, par exemple, un duel entre deux rois, qui commence de la sorte. Puis ils se rendent compte qu'ils sont tous deux aussi bon clasheurs l'un que l'autre, alors ils décident de se battre l'épée à la main. Une autre légende raconte un débat du même gout entre les dieux, dans lequel Loki, qui est bien-sûr le meilleur parleur d'entre eux, quoiqu'un peu bourré à ce moment là, insulte tout le monde et que personne ne peux lui répondre. S'en suit un combat, et c'est ainsi que commence la célèbre hostilité entre Loki et les autres dieux. Maintenant, venons en à Niddhog en particulier. Tout d'abord, les dragons et serpents sont en général vus comme de beaux parleurs, capable d'embobiner les gens, de les manipuler, par la parole, comme on dirait en français "langue de vipère". Mais surtout, il est dit qu'il communique avec l'aigle qui vit au sommet d'Yggdrasil par l’intermédiaire de Ratatosk, un écureuil qui joue les messagers. Et il s'échangent en majorité... des insultes. Depuis le début et jusqu'à la fin des temps, ces deux là prennent part à une joute verbale, clash astral magistral. Les plus grands rappeurs de notre siècle peuvent donc aller se rhabiller. Le rôle de Níðhöggr [TEXTE EN COURS]
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